Sur le syndicat
faiblesse et
développement
Europe et BRICS
Nous voulons étudier dans ce bref
article la situation du syndicalisme en Europe et l’émergence de nouvelles
formes syndicales dans les BRICS[i].
Nous savons que le problème syndical est complexe : à l’intérieur des
courants du mouvement ouvrier, il existe toute une gamme de positions, allant
de l’anarcho-syndicalisme à l’anti-syndicalisme pour l’autonomie ouvrière, du
syndicat comme école de la lutte des classes, jusqu’au syndicat comme courroie
de transmission du parti et structure sociale intégrée à l’état. Nous ne
pensons donc pas offrir au lecteur une position exhaustive, nous écrivons cet
article avec l’espoir d’offrir une petite réflexion.
Le taux de syndicalisation a
considérablement diminué ces dernières années en Europe, avec de gros écarts
suivant les pays. En Suède, 70 % des travailleurs sont syndiqués, contre seulement 8 % en
France, ce qui représente le taux le plus bas de tous les pays industrialisés,
inférieur même à celui des États-Unis, de la Corée ou de la Turquie. En
Allemagne, il y a environ 27 millions de travailleurs sur 33 millions sans
affiliation; le système britannique laisse sans appartenance syndicale
individuelle plus de 70 % des travailleurs, soit 19 millions de personnes.
Ce taux de syndicalisation très bas ne signifie pas une absence de
représentation syndicale
; la
représentation reste élevée, surtout dans le secteur public et dans les grandes
usines.
Cette diminution est due à
différents facteurs :
1. Un
changement dans la composition de classe. C’est une tendance historique :
la diminution du travail productif dans les grandes concentrations, au profit
du travail improductif, plus divisé, même si cela ne veut pas dire que la
production et la circulation soient moins centralisées. On assiste à une
multiplication des types de contrats de travail et des entreprises sur le même
lieu de travail. Cela a permis une intensification des rythmes de travail et du
nombre d'heures travaillées par travailleur, ce qui augmente la concurrence
entre travailleurs. Au sommet de la chaîne, la politique économique reste, par
contre, monopolistique et sans concurrence.
2. Le binôme
souplesse productive et précarité contractuelle. C’est une constante du système
capitaliste, qui doit nécessairement les valoriser. Taiichi Ohno (1912-1990), père du
toyotisme (forme de production plus intégrée et souple, qui marque le gros de
la production et distribution actuelle) se battait pour la destruction de la
syndicalisation et de la vieille rigidité ouvrière. Et il est
intéressant d’observer que, dans ce système, avec la politique du « Zéro
Stock », la distribution et les transports, deviennent le maillon faible, mais c’est aussi dans ces
mêmes secteurs que les formes de lutte les plus intéressantes ont été
développées par les travailleurs. La souplesse productive et distributive donne
aux travailleurs des transports, de la logistique et de la communication, une
arme de pression vis-à-vis du patronat.
3. Le rôle
actif de l’état comme intermédiaire social. Ce n’est pas une nouvelle
dynamique, elle remonte aux années 1930 dans son application large. La
disparition de l’État social survenue ces dernières années ne signifie pas la
fin de la « dimension corporatiste » de l’État, forme née dans les
laboratoires fasciste et nazi, mais réellement la mise en chantier de la
politique des États démocratiques sortis gagnants de la seconde guerre
mondiale.
4. La
tendance capitaliste historique. L’automatisation produit déjà naturellement du
chômage, dans un processus dynamique qui s’est accentué avec la crise. Ceci
amène à une concurrence encore plus impitoyable entre les travailleurs.
Nous ne pensons pas que les taux de
syndicalisation soient automatiquement liés à un moment fort de lutte de
classe. Dans les années 70, les plus hauts taux d’augmentation salariale
d’Europe ont été enregistrés en Allemagne, pays qui a eu le plus petit nombre
de grèves sur la même période. Ceci
dit, nous ne pensons pas que le syndicat soit une structure fixe et, dans
beaucoup de cas, il représente le besoin d’organisation et de défense des
travailleurs, mais cela ne doit pas être remis en cause par la composition de
classe spécifique, comme par le cycle économique. Si on ne prend pas en compte
ces deux facteurs, on en arrive à définir la syndicalisation simplement comme
un choix individuel du travailleur, chose qui peut être intéressante dans le
domaine sociologique mais qui ne nous aide pas à comprendre pourquoi dans des
moments déterminés nous avons formes de syndicalisation.
Si nous observons de plus près les
formes récentes du syndicalisme alternatif (et dans quelques cas libertaire),
les données sont homogènes sur toute l’Europe : ces syndicats se composent
de travailleurs qui se concentrent sur deux pôles extrêmes. Une partie sont des
travailleurs du secteur public (hôpitaux, poste, État, communication, chemins
de fer, etc.) ; une autre viennent des secteurs les plus pauvres et les
plus précaires (nettoyage, logistique, agriculture, etc.). Cet écart est dû
essentiellement à deux éléments : dans le premier cas, les syndicats
officiels ne peuvent plus garantir à tous les travailleurs les anciens acquis
historiques, et amène une minorité de salariés à se tourner vers d’autres
syndicats. Dans le second cas, nous assistons le plus souvent à un choix
politique et stratégique des grandes centrales syndicales de ne pas se préoccuper des
travailleurs pauvres (notamment la difficulté de défendre syndicalement ces travailleurs), permettant aux petites centrales syndicales alternatives
d’essayer de syndicaliser ces secteurs. La donnée centrale est que les
travailleurs des secteurs productifs, quand ils sont syndicalisés, le sont à
l’intérieur des centrales syndicales officielles. Et la grande masse des
chômeurs et des travailleurs précaires aujourd’hui n’est pas considérée comme
primordiale par les organisations syndicales, officielles ou alternatives.
Ce retard est le produit de vieilles
faiblesses, notamment l’étroitesse de l’horizon syndical. Les premières formes
de syndicats avaient une base non pas de classe, mais de catégorie, héritage de
la séparation ridicule qui, au Moyen Âge, existait entre les métiers. La
transformation ultérieure du syndicat de métier (ou professionnel) en syndicat
d’industrie ne représente pas un bond en avant. Sous cette forme, un menuisier
travaillant dans une usine d’automobiles, par exemple, fera partie de la
fédération des métaux et non de celle du bois. Mais les deux formes ont ceci de
commun que le contact entre leurs membres ne s’établit que sur les problèmes
d’un secteur étroit de production, et non sur des problématiques sociales. La
synthèse des intérêts des groupes prolétariens professionnels et industriels
locaux ne se fait que par l’intermédiaire des fonctionnaires des organisations.
En outre, dans cette vision qui considère les catégories de façon simpliste,
tous les chômeurs travailleurs ou flottants sont laissés volontairement de
côté. Dans cette vision, le centre reste l’usine et non la société, ou mieux,
le capitalisme pour parler du système actuel. Cela n’empêche pas que le
mouvement ouvrier et syndical ait essayé d’expérimenter des formes
d’organisation différentes au cours de son histoire. N'oublions pas, dans la
conception des organisations de défense économique telles qu’elles se sont
formées à la fin du XIX° siècle et au début du XX° (spécialement dans les pays
latins), un organe qui se détache par son activité dynamique : c’est la
«bourse du travail» française, qui en italien porte le nom, meilleur, de
«camera del lavoro» (chambre de travail). Si la seconde appellation a un relent
dégoûtant de parlementarisme bourgeois, la première évoque (c’est pourquoi elle
est, tout compte fait, pire) un marché du travail, une vente des travailleurs
au patron le plus offrant, ce qui l’éloigne d’autant plus d’une lutte qui vise
à extirper le principe même du patronat.
Pourtant, si les ligues isolées et
même leurs fédérations nationales, organes moins unitaires et moins
centralisés, se ressentent fortement de la limitation que leur impose des
catégories professionnelles préoccupées de revendications étroites et
temporaires, les Bourses urbaines ou provinciales du Travail étaient au
contraire portées, du fait qu’elles développaient la solidarité entre les
ouvriers de divers métiers et de différentes localités, à se poser des
problèmes de classe d’un ordre supérieur, et finalement d’ordre nettement
politique. Elles discutaient des problèmes politiques véritables, non au sens
électoral ordinaire, mais au sens de l’action révolutionnaire, même si leur
caractère local ne leur permettait pas de se soustraire complètement aux
défauts que nous avons examinés dans les formules communalistes et localistes.
De telles tentatives se sont réalisées dans les périodes de crise aiguë, autour
en particulier du mouvement des chômeurs dans les années 20 et 30 en Allemagne
et aux États-Unis, où les revendications des chômeurs assumaient un rôle social
général. Ce n’est pas notre intention dans cet article de développer ce sujet,
mais nous le croyons central pour tous ceux qui se posent le problème
aujourd’hui de l’organisation syndicale, et plus en général de la défense des
intérêts des travailleurs dans les pays au capitalisme mûr (ou plus exactement
pourri…).
Au niveau politique, les syndicats
alternatifs oscillent entre être, pour la majorité, apolitique, entendu comme
désintéressés du problème parlementaire, ou dans certains cas
antiparlementaires, (mais ce sont souvent de petites centrales syndicales qui
regroupent des individus politisés plus ou moins militants de la même idée).
Nous n’assistons pas encore aujourd’hui à une réflexion sérieuse sur le rapport
chômage-précarité et antiparlementarisme, même si de fait des populations sont
déjà expulsées des processus d’intégration à la société, comme zombifiées. Les grosses centrales syndicales
revendiquent par contre pleinement une politique active, liée de manière
absolue à la politique parlementaire, chose qui lui apporte dans beaucoup de
cas les pires fanatiques du nationalisme économique, et engendre une
acceptation active du racisme. Nous ne disons évidemment pas que tous les
militants syndicalistes sont racistes, ou qu’ils sont vendus, mais
ce qui nous intéresse ici n’est pas l’activité individuelle ou collective d’un
groupe de travailleurs mais une analyse générale des structures.
Si tel est le tableau en Europe,
nous ne pouvons pas dire la même chose des autres parties du monde, au Brésil
et en Afrique du Sud notamment (et la dynamique est la même dans les autres
BRICS[ii]).
Il a y eu dans ces pays une croissance économique rapide et une modification de
la structure productive. Évidemment, la polarisation sociale reste plus forte
qu’en Europe ; il existe un nombre considérable de chômeurs et de
travailleurs pauvres mais, parallèlement, les secteurs productifs rassemblent
de grandes masses de travailleurs, ainsi que le secteur de la distribution par
exemple. Ces dernières années, les principales centrales syndicales de ces pays
ont subies de nombreuses scissions et se sont morcelées, la plupart du temps
dans les secteurs directement productifs. Ceci s'est fait en opposition avec
les grandes centrales syndicales de gauche proches des gouvernements. Nous
parlons de secteurs qui comprennent leur importance sociale dans les conditions
actuelles productives de croissance de leurs pays. Nous ne parlons pas de «révolutions», mais nous voulons signaler comment, dans quelques pays, la
syndicalisation traditionnelle augmente, et comment une réponse existe, qui se
traduit par des scissions syndicales et des grèves, contre les politiques des
gouvernements actuels de centre-gauche.
Le 7 novembre 2014, en Afrique du
Sud, le comité exécutif du COSATU (Congress of South African Trade Unions,
centrale syndicale historique, proche de l’ANC et du Parti Communiste) vient de
décider, par 33 voix contre 24, l’exclusion de son plus important syndicat
(338 000 adhérents), la NUMSA, syndicat des métallurgistes (National Union
of Metalworkers of South Africa). Dans une déclaration publiée le 29 octobre
2014, le syndicat avait expliqué que la politique de la coalition tripartite au
pouvoir, composée de l’ANC, de la COSATU et du Parti Communiste Sud-Africain,
avait été incapable de s’attaquer au capitalisme hérité de l’apartheid, ce qui
« a condamné la classe ouvrière noire à une extrême misère ».
On avait déjà eu, en août 2012, une
polarisation dans le mouvement syndical pendant la grève des mineurs à Marikana
(grève sauvage survenue près d’une mine de platine, propriété de Lonmin). Des
affrontements entre partisans de deux syndicats, la National Union of
Mineworkers (NUM) et l’Association of Mineworkers and Construction Union
(AMCU), avaient fait dix morts en quelques jours, dont deux policiers et deux
agents de sécurité, ces derniers brûlés vifs. Le COSATU a confirmé le rapport
de police, lequel disait avoir d’abord fait usage de gaz lacrymogène et de
canons à eau contre les mineurs, lesquels avaient riposté en faisant usage de
balles réelles. Des journalistes présents, les femmes
des grévistes et l’AMCU ont vigoureusement contesté l’affirmation de la police
selon laquelle les grévistes avaient tiré en premier.
Il est intéressant de signaler que la NUMSA a appelé à une journée de grève et
de manifestation contre la politique du gouvernement. Les manifestations
visaient à protester contre le taux élevé de chômage (25 %), et
particulièrement celui des jeunes (71 % des chômeurs ont entre 19 et 25
ans). La NUMSA demandait le retrait d’une mesure gouvernementale qui prévoyait
de subventionner les employeurs recrutant des moins de 25 ans, ce qui aurait
ouvert la porte à la possibilité de remplacer du personnel qualifié par des
jeunes sous payés. La NUMSA assume ici un rôle qui est au-delà du syndicalisme
traditionnel de catégorie. Ces derniers jours, ce même syndicat propose la
naissance d’un mouvement politique de gauche opposé au gouvernement.
Nous pouvons observer la même
dynamique au Brésil, à travers l’expérience de l'Intersindical, une importante
scission du CUT (Central Única dos Trabalhadores), syndicat historiquement
proche du PT (Parti des Travailleurs), actuellement au gouvernement au Brésil.
Nous rapportons ici un extrait bref mais significatif de leur texte de présentation:
«Ainsi naît
l’Intersindical – Instrument de Lutte et d’Organisation de la Classe Ouvrière –
ayant comme principes fondamentaux : l’indépendance vis-à-vis du Capital
et de son État, l’autonomie vis-à-vis des partis politiques, utilisant
l’organisation par la base comme un instrument fondamental pour la lutte des
classes.
Parmi ses
principales actions se trouvent la solidarité active et internationale de la
classe ouvrière, la formation politique comme outil de développement de la
lutte, et le fait de ne pas soumettre son organisation à sa reconnaissance
par l’État.
Nous
défendons l’organisation des travailleurs au plan syndical dans une Centrale
qui rompt avec le corporatisme imposé par l’État, qui nous divise en
catégories, une Centrale qui contribue au saut qualitatif de la classe en soi
vers la classe pour soi, mais ceci ne se fera pas par auto-proclamation comme
essaient de le faire plusieurs organisations de gauche dans le pays qui tout au
long de ces années optèrent pour demander à l’État la solution des problèmes de
la classe ouvrière. Et ainsi, durant les sept dernières années, des dizaines de
nouvelles centrales, chargées des vieilles erreurs du passé récent furent
créées et une partie significative d’entre elles, reconnues par le
gouvernement, se maintient grâce à l’impôt syndical hérité du gouvernement de
Getulio Vargas, qui attelait la structure syndicale à l’État pour contenir la
lutte des classes. Et la CUT qui naquit avec la classe ouvrière combattant
l’intervention de l’État et affrontant le Capital est aujourd’hui une des
principales centrales syndicales de la collaboration de classes.
Par
conséquent l’Intersindical est une organisation syndicale nationale, présente
dans toutes les régions du Brésil et qui, en cohérence avec le processus
historique des organisations qui en font partie, ont contribué de manière
décisive au processus de réorganisation du mouvement syndical brésilien. »[iii].
Comme dans le cas de l’Afrique du
Sud, l’Intersindical est une organisation avec au centre les travailleurs de la
métallurgie, mais qui a réussi en peu de temps à devenir une centrale syndicale
présente dans différents secteurs. Les similitudes entre le Brésil et l’Afrique
du Sud sont multiples, sous l’angle de la production, de la polarisation
sociale, du rapport ville-campagne, de l’étendue des bidonvilles, etc. Et ce
syndicat brésilien n’est pas le seul dans le monde à poser le problème de la
naissance d’une force politique à gauche, opposée au gouvernement.
Notre intérêt n’est pas tourné vers
la pureté syndicale de ces expériences. Nous trouvons naturel qu’à l’intérieur
de ce contexte se pose le problème d’une force politique de gauche, force
politique qui devrait être plus à gauche que le gouvernement. Dans ce sens, il
y n’a rien de révolutionnaire, c’est une pure pratique réformiste sociale, mais
il est intéressant de comprendre la dynamique et la perspective qu’ouvre cette
nouvelle syndicalisation, et les contradictions qui sont destinées à surgir et
à se développer, et tout ce qui est le produit de nouvelles luttes de classe.
Nous ne nous trouvons pas devant des mouvements qui se posent le problème de
l’antiparlementarisme et de la critique de l’État (en Europe comme dans le
monde), mais il est intéressant de réfléchir à comment cette dynamique pourrait
redevenir actuelle lorsque l'intégration au système se fait plus difficile et
n’est plus un processus automatique. C’est la seule condition pour que puisse
se développer des formes d’organisation qui remettent au centre l’indépendance
de classe. Même si des pays éloignés de l’Europe vivent le
mécanisme de corporatisme, tous veulent jouer sur le terrain de la démocratie
parlementaire et dans la compatibilité avec le système. En espérant des
améliorations de leurs conditions, ils ne se sont pas aperçus des conséquences
du processus de crise[iv]. Ceci est une vision générale, mais il n’est pas interdit de
s'y intéresser, de comprendre les tentatives actuelles qui se situent sur le
terrain syndical dans ces pays, parce qu’ils représentent le signal d'une
société en profond mouvement. Étudier les formes différentes d’organisation du
mouvement ouvrier, comprendre ses dynamiques n’est pas un « amour pour
l’étude », mais une pratique nécessaire pour tous ceux qui s’intéressent
et qui participent activement, compte tenu des possibilités actuelles, à la
lutte de classe.
Groupe de discussion
marseille-Zombi
[i] «BRICS» est un acronyme anglais pour
désigner un groupe de cinq pays qui se réunissent en sommets annuels :
Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Avant l’ajout de ce dernier pays
en 2011, le groupe était appelé BRIC.
[ii] La question syndicale en Chine,
Brochure d’Échanges, 2010:http://www.mondialisme.org/spip.php?article1800; Luttes de
classes dans la Chine des réformes (1978-2009), par Bruno Astarian, Acratie,
octobre 2009; L’autonomie ouvrière frappe en Inde: la grève de Maruti Suzuki à
Manesar (juin, septembre, octobre 2011), Mouvement Communiste, 2012:
[iii] http://www.intersindical.org.br/ La version complète de la présentation en
français https://defensedumarxisme.files.wordpress.com/2014/10/is_franc3a7ais.pdf
[iv] Ce n’est pas le but de cet article,
mais nous reproduisons ce bref extrait: «La théorie révolutionnaire moderne,
née du développement de la force productive sociale dans la forme capitaliste,
est l’expression du mouvement anti-forme par excellence. Quelques composantes
réformistes furent tolérées au début mais simplement parce que le caractère
permanent du processus révolutionnaire les aurait balayées «comme de vieux
oripeaux». La phase réformiste, social-démocrate, bloqua le processus
révolutionnaire et conduisit aux extrêmes conséquences l’idéologie de la
réforme du capitalisme, en préparant la guerre et la réussite du fascisme. Ce
dernier fut le vrai réalisateur dialectique des instances réformistes. Les
partis soi-disant prolétaires, embrassant l’antifascisme démocrate, qui fut le
pire produit du fascisme, s’allièrent avec l’aile démocratique de la
bourgeoisie et tombèrent dans le pire conformisme, c’est-à-dire dans la défense
à outrance de la forme existante. Ils allèrent donc en guerre au côté de
l’impérialisme américain, appelant les prolétaires à combattre pour la
bourgeoisie plus forte et, à la fin de la guerre, ne démantelèrent pas, sinon
de façon superficielle, l’état corporatif fasciste.» Revue N+1, www.quinterna.org
Même si nous
ne faisons pas partie de ce groupe, nous partageons leur analyse de la critique
de la forme politique «démocratique», critique qui doit être interprétée
historiquement. La démocratie, comme les autres formes politiques, n'est pas
une forme pure mais une forme historique, comme la monarchie a été
révolutionnaire contre la féodalité, comme la bourgeoisie a été révolutionnaire
contre l'aristocratie, et aujourd’hui le prolétariat contre le capitalisme.
Ainsi, les formes de gouvernement ne sont jamais pures et n'existent pas par
elles-même, elles représentent toujours des formes spécifiques en relation avec
les différents systèmes de production.
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